Week 30 / Laine.

Je voulais photographier un mouton, oui, un mouton, seulement la vie urbaine d'aujourd'hui ne me le permets pas. A défaut, ouvrir son placard d'hiver et y déceler des matières, des couleurs, puis le blanc, le blanc de l'hiver, le blanc de laine. Saisir son acolyte des belles images pour illustrer le thème de la semaine. Une photographie par semaine, la trentième, trente semaines et ne pas lâcher prise, saisir le défi, le challenge malgré les débordements schizophrènes et joyeux des to-do list dans le carnet, la saison estivale et le blanc des jolies robes de mariées.

Pour retrouver le chouette projet et les jolies images, direction chez Lauriane, puis sur Instagram avec #52photoproject2016.

Et le souffle court. Le souffle lent. Et la respiration. Et le soleil qui brûle, la peau, réchauffe le coeur et envahit le salon. Illumine, irrigue, épuise. Au delà et encore. Souffle, respire, respire. 

Week 29 / Enfance.

L'enfance c'est les souvenirs, tout un tas, un flot d'images, de sensations. Du plaisir, ne garder que les bons moments. Quand je pense à moi petite, je vois la maison de mes grand-parents, les vacances à courir avec ma sœur dans l'immense jardin d'arbres fruitiers, de plans de légumes et de fleurs - il était grand, mais encore plus à cet âge-là - des vacances à parcourir la terrasse en long et en large, à jouer à la marchande, à se déguiser avec les vêtements vintages de l'armoire de ma grand-mère et surtout de ses chaussures à talons qui font du bruit quand on marche - trop fun ; à prendre un bonbon orange après le repas, à regarder Derrick ou MacGyver avec mon grand père, chacun dans son fauteuil, mais lui les yeux fermés ; le goûter avec des boudoirs trempés dans du lait ; les lectures des romans de la bibliothèque rose ou de la collection rouge et or ; la cueillette de fraises dans le jardin avec le petit panier en osier et revenir le panier léger d'en avoir mangé une sur deux ; les glaces dans le congélateur de l'arrière cuisine ; la piscine grenouille et la balancelle, les appels aux parents avec le téléphone à cadran, les petits déjeuners gourmands quand ils venaient nous retrouver. Un flots d'images et de sensations, un brin de nostalgie, une envie d'arrêter le temps, une grande bouffée d'air, un souffle de petits bonheurs pour nourrir aujourd'hui.

Pour retrouver le chouette projet et les jolies images, direction chez Lauriane, puis sur Instagram avec #52photoproject2016.

L'envie de s'évader. L'odeur des vacances, du temps libre, du temps qui s'étire, le luxe des minutes qui passent sans s'affoler de l'après, l'instant présent et le souffle qui ralentit. Le corps se détend, et pas seulement le temps d'une heure ou deux, mais pour toute la journée. Le soleil qui frappe la peau, le vent qui caresse pour supporter la chaleur, les lunettes de soleil au bout du nez. L'odeur de l'herbe fraîchement coupée par la fenêtre, et les odeurs de friture du centre ville qui rappelle les bords de mer. Une odeur de vacances. Et bientôt, oui, bientôt, je te retrouverai. Océan.

Week 28 / Plante.
Ce mot, cette immersion, cet imaginaire, ce rêve, cette projection. Cette obsession.

Raison pour laquelle c'était un immense plaisir de ne pas manquer les journées portes ouvertes des Serres municipales de Toulouse. Un voyage parmi le végétal, une plongée dans le vert et toutes ses tonalités. Une respiration contrôlée à l'intérieur, de l'air chargé d'humidité. Il y a la découverte des fleurs, bien ordonnées, d'où jaillit la couleur du côté moderne. Il y a la magie des serres anciennes, des passages étroits parmi les copines les plantes de quelques centimètres à celles qui montent jusqu'aux plafonds de verre. Elles dialoguent là où la lumière émerge de chaque recoin de l'espace, puis parfois où elle est un peu plus en sourdine, entre les feuilles, entre les branches. Caresse doucement, contraste. Des parois plus opaques après la transparence, des espaces plus confinés, un lieu plus secret, quelque chose de plus intime.

C'est toujours une affaire de contorsion, de mouvement. Un geste qui démarre, puis qui termine. Un morceau du corps qui se déploie et puis le silence, l'arrêt, la respiration. Le calme. Peut-être avant la tempête, on ne saura pas tout de suite. Entre les lèvres, un murmure, un mot, une phrase, ou peut-être un long discours. Quelque chose de trouble, de troublé, de troublant. Quelque chose de mystérieux, aussi mystérieux que la sensation de cette existence par delà l'espace, la forêt, l'eau, la terre. Un papier qui se froisse. Et le geste, à nouveau.

Week 27 / Quotidien.
Quand les journées s'enchaînent, pétillent et s'épuisent, le matin, le réveil, les draps défaits.  Énumérer dans sa tête les gestes quotidiens, les repas, les habitudes, le téléphone portable, l'agenda, les clés, le sac avec tous les papiers. La photographie. Et puis la soirée et retourner s'enfouir sous la couette, la fenêtre entrebâillée pour sentir l'air frais de la nuit. Certaines activités qui donnent du soleil aux jours quand il n'est pas toujours dans le ciel. La photographie.

La photographie est une affaire du quotidien, pourtant chercher quelque chose qui ne saute pas aux yeux, mais qui est vraiment-là, évident. Penser furtivement aux gestes de la salle de bain, au rouge à lèvres qui dessine mes lèvres et me donne confiance avant de sortir. La bouche. Emmènera plus loin.

Et puis se demander qu'est-ce qui représente ce quotidien et qu'il ne faudrait, jamais, oh jamais quitter, oublier, manquer.

Le baiser. Le baiser de l'amoureux, le baiser amoureux, chaque jour. Celui qui porte l'énergie d'un jour, l'énergie d'une vie, qui dit tout ce qu'il y a derrière soi, et tout ce qu'il y a devant, à venir, les projets, les belles histoires, les étincelles (et les paillettes). Le baiser du matin, le baiser dans la journée, pour rien, comme ça, parce qu'on est là, à frôler la peau, la présence, avancer ensemble, le baiser du soir, se retrouver, s'enlacer et les étincelles qui traversent les yeux. Encore, toujours. Cultiver la magie tous les jours grâce aux baisers, aux bisous tout doux, à la tendresse. Cultiver la magie de croire en l'amour à l'infini.
Retourner l'appareil sur soi à défaut de photographier une part d'intimité avec l'amoureux. Autoportrait pour un autoportrait d'amoureux secret. Préférer photographier les amoureux, et laisser un autre regard que le mien se porter un jour sur lui et moi.

Les grands espaces pour s'évader, et la lumière, douce et caressante. A perte de vue, puis la peau. Le frisson, encore et toujours. L'air et le vent entre les arbres, la forêt rassurante, celle qui murmure à l'oreille que tout ira bien. Ne pas oublier. Ressentir, toujours ressentir et se rapprocher de l'essentiel. Se reconnaître, savoir, comprendre et être paisible pour tendre la main et partager.